Quelle rentrée préparer ?

Une rentrée bien incertaine

Certes nous n’avons toujours pas de certitudes sur les conditions des regroupements que nous pourrons organiser à la rentrée, mais il est de plus en plus évoqué une distance de 1 à 2m entre les étudiants. Ces chiffres limiteraient la capacité de nos amphis (et de toutes nos salles d’ailleurs) de 10 à 30% de leurs capacités. Ce qui obligerait à découper nos promotions en 4 à 10 groupes ! Il ne faut pas imaginer que le problème se limitera aux amphis. On le retrouvera pour les salles de TD et de TP, mais également à la BU, dans les couloirs, au resto U, etc. Dans ces conditions, assurer un roulement des étudiants présents les amènera sur le campus 1 fois par mois, voire tous les 2 mois.

L’autruche

Pour nos formations universitaires, il y a plusieurs façons d’aborder cette rentrée et ses incertitudes. La première, que nous nommerons l’autruche, est de regarder ailleurs en espérant que rien de tout cela n’est vrai et que nous ferons une rentrée comme les précédentes. C’est possible, après tout personne n’a une réelle idée de l’évolution de ce virus. Elle est cependant un peu risquée, car si le virus est toujours là en septembre, nous devrons à nouveau mettre en place une continuité pédagogique « de crise » et, même si nous avons maintenant un Guide de l’EAD en temps de crise, nous risquons de souffrir autant que cette fin de semestre, pour finir par une grande frustration générale.

La technologique

La seconde réaction possible, que je nommerai la technologique, est de mieux se préparer techniquement, en s’assurant de la disponibilité et de la connaissance partagée des logiciels adéquats, en équipant quelques salles pour pouvoir faire de la retransmission vidéo et en équipant également tout le monde d’ordinateur et de connexions de qualité. Cette option permettrait certes d’aborder une rentrée perturbée de manière un peu plus sereine, mais dès septembre ce leurre technologique nous replongera dans une situation de crise non maîtrisée. Cette fin d’année nous a appris qu’il est illusoire d’espérer équiper tout le monde et toutes les salles. Il y aura toujours des zones blanche en terme de connexion et à 20.000€ la salle (au minimum), est-ce réaliste d’envisager équiper nos 218 salles ? Le problème des promotions trop chargées ne se limite pas aux cours magistraux dans nos 16 amphis, mais se pose également pour les TD et encore plus pour les TP. Sans compter que filmer un enseignant en train de faire cours à un groupe pour diffuser cette vidéo aux groupes qui sont restés à distance est d’une efficacité pédagogique toute relative. Espérer faire “tout comme avant” grâce à la technologie est impossible. Nous étudions actuellement la possibilité d’équiper quelques amphis, mais la totalité des salles ne seront pas équipées, c’est matériellement impossible.

La pédagogique

Enfin la troisième approche que nous nommerons la pédagogique est de repenser nos enseignements pour une approche beaucoup plus orientée pédagogie active. Donner plus la main aux étudiants dans leurs apprentissages et consacrer plus de temps commun à l’accompagnement et moins à la transmission. Soyons honnêtes, c’est une transformation qui nécessite beaucoup de travail, qui peut aller jusqu’à prendre plusieurs semestres pour arriver à un résultat qui nous satisfasse. Mais ce chantier vaut le coup d’être lancé car c’est un investissement rentable. Rentable en terme de réussite étudiante et de conditions de travail. Toutes les études ont montré que les approches actives rendent les étudiants plus motivés et que les rapports étudiants-enseignants sont de meilleure qualité.

En quoi une approche pédagogie active peut nous aider face  à la crise qui nous attend ? L’intérêt de ces approches est de construire avec l’étudiant plus d’autonomie dans son apprentissage. Cela n’est bien entendu pas inné et doit être appris, accompagné. Mais quand cela est mis en place, on se retrouve avec plus d’interactions individuelles ou en petits groupes de travail et moins de séances massifiées.

Le scénario des 3 tiers

Il y a de multiples façons d’aborder cette transformation de l’enseignement. Par exemple pour un enseignement de 30h (15 CM / 15 TD), on peut imaginer une évolution vers ⅓ des heures consacrées à la transmission de savoirs grâce à des ressources enrichies – typiquement des capsules vidéo de l’enseignant ou des diaporamas commentés ou même des productions écrites-, ⅓ consacrés à l’accompagnement de ces ressources en ligne, synchrones ou encore mieux asynchrone et enfin ⅓ des heures en accompagnement présentiel des étudiants. Cet exemple nous permet d’absorber la restriction à ⅓ de nos effectifs en présence.

Il est clair que cette option nous demande de nous préparer au plus tôt et qu’une transformation aussi radicale des enseignements n’est pas envisageable pour tous. Cependant, nous sommes persuadés que c’est la meilleure solution pour assurer la continuité qualitative de nos enseignements pour cette prochaine rentrée.

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